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Charles LE POIS  (1563-1633) (ou encore LEPOIS, voire LE POIX, Carolus Piso) en est en grande partie responsable. Appartenant à une famille médicale dont plusieurs représentants, précédemment étudiés, étaient au service des ducs de Lorraine, comme ceci était fréquent, Charles est d’abord formé par son père, Nicolas. Mais dès l’âge de treize ans, il est à Paris  où il obtient une maîtrise ès arts (1581) avant de s’inscrire à la Faculté de médecine. Il fait ensuite un séjour prolongé à Padoue. Il revient à Paris pour terminer ses études médicales. Il est bachelier en médecine en 1588, licencié en 1590. Mais les difficultés de l’époque l’obligent à regagner la Lorraine sans avoir soutenu sa thèse. Cela ne l’empêche pas d’être nommé médecin du duc Charles III, qui peut ainsi juger de ses capacités. C’est donc lui qui va être nommé docteur régent à la nouvelle Université de Pont-à-Mousson. Cette nomination intervient par lettres patentes du 2 avril 1598, date qui marque la véritable naissance de la branche médicale de l’Université. Il va retourner à Paris pour régulariser sa situation en passant sa thèse de doctorat le 13 mai 1598.

 

 

Anonyme : Portrait de Charles Le Pois

Musée de la Faculté de médecine

 

Le Pois est un enseignant réputé, attirant les étudiants. La pratique au lit du malade est essentielle. Sa nombreuse clientèle l’aide en ce domaine. Il montre une curiosité pour les disciplines nouvelles, la physiologie encore balbutiante, la confrontation anatomo-clinique par la pratique des autopsies. Il conserve son activité auprès du duc pendant les vacances mais consacre le reste de son temps à ses étudiants. Il publie plusieurs ouvrages dont un traité d’observations médicales : Selectiorium servationum et consiliorum de praetervisis hactemus morbis affectibusque praeter naturam, ab aqua, eu serosa colluvie et diluvie ortis, qui connaîtra sept éditions successives. Il sera le livre de chevet des étudiants en médecine pendant de nombreuses années.

Anobli par son duc, il reçoit les seigneuries de Champey et de Vittonville. A la mort de Charles III, Le Pois écrit un livre à la mémoire de celui-ci : Caroli tertii Makapismos seu felicitatis et virtutum Egregio Principe Dignarum Coronae. La deuxième observation concerne la maladie et la mort du duc lui-même. Sa culture était celle d’un « honnête homme ». Il parlait de nombreuses langues et son dévouement était extrême.

Son décès  au cours d’une épidémie de peste noire en est la preuve. Il vient en effet prêter main forte à ses collègues de Nancy en 1633 au cours d’une de ces catastrophes. Il y contracte la maladie dont il va mourir.

 

Son portrait, avec un cadre en bois doré et sculpté de 78x61 cm d’ouverture, se trouve dans la galerie de la salle du conseil, à côté de celui de son père. Comme la plupart des toiles de notre collection, il s’agit d’un buste. Le Pois, de trois quarts, porte l’habit des professeurs de médecine. La robe rouge est peu visible. Par contre, un vaste chaperon d’hermine, épais et plissé, lui couvre les épaules. « Ce costume, les professeurs de médecine le devaient à la munificence du cardinal de Lorraine, oncle de Charles III, qui leur avait fait présent de sa robe de cérémonie fourrée d’hermine ». Un collet assez discret, gris-bleu bordé de blanc, lui enserre le cou. Son visage est allongé, avec un front haut, un nez assez pointu - et ce caractère se retrouve dans beaucoup des tableaux de cette période -, une moustache discrète et une barbe pointue accentuent l’ovale du visage. Les cheveux sont longs, tombant en arrière sur les épaules. Un bonnet noir en forme de calotte recouvre le sommet du crâne.

 

Un bandeau, assez large, surcharge la partie basse de la toile. Il donne à lire le texte suivant :

DNUS CAROLUS PISO DE CHAMPEL  DOC PRIS MEDICUS NANCEIANUS ACADEM !! PONTEDECANUS OBIIT ANNO 1633 AETATIS 70 : Seigneur Charles Le Pois de Champel docteur,  premier  médecin de l’académie nancéienne, doyen de Pont, décédé l’an 1633 à l’âge de 70 ans.