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MUSÉE DE LA SANTE DE LORRAINE

 

         

 

Grand sceau de l’ancienne Faculté de médecine de Pont-à-Mousson

 

Les sceaux d’une institution ont d’abord une valeur symbolique et permettent de placer la marque, par exemple de l’Université ou de la Faculté, en scellant les différents actes, examens, diplômes, soutenances de thèses, nominations de professeurs, mais aussi dans les diverses relations avec les autorités civiles et ecclésiastiques. La composition en est souvent très étudiée et commentée par un texte lui-même habituellement en latin, avec des abréviations rendues nécessaires par les dimensions du sceau.

 

Les sceaux de l’ancienne Faculté de médecine de Pont-à-Mousson

 

- Le premier grand sceau : Sigillum Magnum - facultatis medicae - Ponti mussanae, existe depuis la création de la Faculté elle-même, postérieure à celle de l’Université en 1572. Les caractères sont du XVIème siècle. On le dit parfois aussi « sceau de Le Pois ». Ses dimensions sont de 70 mm de diamètre.

Il représente les armoiries de la ville de Pont à Mousson qui sont « d’azur au pont adextré et senestré de deux tours d’argent en chef de Bar ».  L’exemplaire unique se trouvait à la Cité universitaire de Paris dans le fond Honorat et a disparu lors des événements de 1968.

Il existe cependant quelques variantes par rapport aux armes de Pont-à-Mousson car dans le sceau de la Faculté, le pont est nettement fortifié, les tours sont surmontées d’un toit (d’une oriflamme), pavillonnées et non seulement crénelées comme sur les armes officielles de la ville publiées par Lapaix (Chautard).

Au méridien figure l’écusson aux armes du duché de Bar car Pont à Mousson appartenait au Comté puis au Duché de Bar. Sur le pont se trouvent deux personnages : l’un assis sur une chaise garnie de gros clous, soutenue d’un marchepied dont la structure est assez étrange, la tête couronnée d’un cercle fleur de lisé, tient de la main gauche un sceptre lui-même surmonté d’une fleur de lys. Il s’agit curieusement d’une image de la Vierge, reine des Cieux, devant laquelle se trouve un autre personnage, ailé, à genoux, tenant une plume de la main droite, tandis que la gauche s’appuie sur un coffret qui représente probablement les arcanes de la médecine et qui porte un encrier et un parchemin (pour Chautard, ce parchemin serait la charte fondatrice de l’Université et de la Faculté).

Pour beaucoup, il s’agirait de l’ange de l’Annonciation mais à y regarder de près, il semble bien s’agir d’un personnage ailé à figure humaine représentant Saint Luc.  Au-devant, on voit la partie avant d’un corps de bœuf, ce qui permet, à coup sûr, l’identification de l’évangéliste Luc, patron des médecins, qui aurait selon la tradition fait le portrait de la Vierge.

La légende du pourtour peut se lire ainsi : Sigillum Magnum - facultatis medicae mussipontanae. Mais on peut également lire : medicae pontis ad montionem.

La Faculté, qui appartenait à l’Université jésuite, se plaçait donc sous la protection de la Vierge, et le saint qui lui présente la plume rappelle la signature du décret de fondation.

Lors du transfèrement de la Faculté de Pont-à-Mousson à Nancy en 1768, le sceau fut conservé et modifié, le mot nancéianae remplaçant mussi-pontanae, le graveur enleva au burin le mot primitif pour y substituer une lame de métal en laiton dont on reconnaît parfaitement la soudure (Chautard) et les caractères plus modernes et faciles à lire se distinguent bien de ceux de la légende initiale datant du XVIème siècle.

 

- Le second sceau, encore appelé petit sceau (Sigillum Parvum) ou encore nouveau sceau (recens), n’a pas été étudié par Chautard. Il correspond peut-être à ce que l’on trouve sous le nom de petit scel qui était destiné aux lettres de maîtrise des apothicaires. L’inscription est assez proche de la précédente : Sigillum Parvum facultatis medicinae ponti ad Mont, mais il devait exister plusieurs exemplaires puisque l’un porte une inscription légèrement différente : Sigillum recens facultatis Medicae Ponti-Mussanae. Comme pour le grand sceau, la mention nancéianae remplace ponti-mussanae en 1768.

Les personnages sont en nombre de trois, deux d’entre eux sont les saints patrons de la  médecine, Côme et Damien, qui avaient d’ailleurs une confrérie à l’église Saint Laurent de Pont-à-Mousson.

Le troisième personnage est un candidat à la réception qui se tient à genoux les mains jointes. Le saint de gauche (Côme) porte un cœur enflammé, le saint de droite un bâton qui est probablement un caducée, tous les deux présentent en figure centrale le miroir (d’Esculape), symbole de la médecine.

 

Les sceaux du  Collège royal

 

Créé en vertu des lettres patentes signées par le roi Stanislas à Lunéville le 15 mars 1752, le Collège royal possédait lui aussi deux sceaux. La date de fondation en est rappelée sur chacun d’entre eux en lettres romaines sur le grand sceau (MDCCLII) et 1752 sur le petit.

 

- Le grand sceau porte l’inscription : Sigillum collegii regalis medicorum nanceianorum (Sceau du Collège royal des médecins nancéiens). Il est circulaire, de 43 mm de diamètre et porte dans le champ une femme représentant la médecine qui tient de la main droite un serpent et de l’autre un miroir reflétant la lumière du ciel figurée par le soleil qui perce les nuages (Chautard). Elle est accoudée sur un socle aux armes des Leszczynski (d’or, au rencontre de buffle de sable, bouclé d’argent). Le socle est surmonté d’un fût de colonne brisée au pied duquel poussent quelques herbes ; la femme symbolise la médecine, cependant que le fût brisé et les herbes évoquent la destruction et le renouvellement de la vie.

 

         

 

                            Grand sceau du Collège royal                                   Sceau original (inversé)

 

- Le petit sceau porte la légende abrégée : Sigill (u.m.) coll. (egii) R. (egii) M. (edicorum) nancéianorum. Il est de forme elliptique et mesure 25 mm sur 23 mm. Dans le champ, il porte seulement une colonne brisée reposant sur un sol où poussent les herbes nouvelles. Le socle porte aussi les armes des Leszczynski sur un cartouche surmonté d’une couronne fermée. Autour du fût, un serpent caducée s’enroule et sa tête se tourne vers le soleil.

       

Les sceaux proches de ceux du Collège royal, de forme ovale (30 mm sur 25 mm) avec sur le grand axe un serpent enroulé autour d’une branche se terminant par un bourgeon portant les légendes de l’Ecole secondaire de médecine de Nancy (1822-1843), puis de l’Ecole préparatoire de médecine et de pharmacie de Nancy (1843-1872) sont très proches, bien que beaucoup plus stylisés de ceux du Collège royal.

 

      

 

      Petit sceau du Collège royal                       Sceau de l’Ecole secondaire de médecine et pharmacie

 

Les timbres étaient gravés en creux et étaient destinés à servir à sec et ils étaient complétés par d’autres de forme circulaire portant les lettres en relief et destinés à être enduits d’encre grasse jouant le rôle de tampon.

 

Le sceau du Collège royal de chirurgie

  

Le Collège royal de chirurgie de Nancy, créé en 1771, n'eut qu’une existence éphémère, qui n'atteignit pas douze ans. Il possédait un sceau dont un heureux hasard a permis au doyen  Streiff d'en retrouver l'empreinte sur cire.

 

 

Description : Description : sceau_chirurgie.jpg         

 

Sceau du Collège royal de chirurgie de Nancy

 

Voici comment le décrit le doyen Streiff : Il s’agit d'un motif très ornementé qui ne se borne pas aux simples armoiries des chirurgiens de Nancy. De forme ovale, il mesure 40 mm dans son grand diamètre vertical et 34 mm dans le sens transversal. Le blason qui occupe la partie centrale est placé sur un cartouche ouvragé dans le style du XVIIIème siècle ; il est surmonté d'une couronne tressée de feuilles de laurier ; deux motifs viennent l'agrémenter : à droite une branche de palmes, à gauche un rameau d'olivier. En exergue, on trouve gravée la devise : VIRTUTI ET MERITO (par la vertu et le mérite), en bas des abréviations COL. R. CHIR. NAN. (Collège royal de chirurgie de Nancy ou collegium regale chirurgicorum nanceiano­rum) ; l'ensemble est limité par une frise bordée de perles.

Le blason des chirurgiens de Nancy, qui occupe la partie centrale du sceau, peut être parfaitement décrit quant à ses meubles et à ses émaux grâce à la netteté de l'empreinte. En respectant les règles du langage héraldique, on peut l’énoncer comme suit : « d'azur à trois boîtes couvertes d'argent, posées deux et une, accompagnées en abîme d'un chardon tigé, verdoyant et arrangé de deux feuilles piquantes au naturel ».