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Un nouveau "musée" pour la Santé à Brabois

 

Jean FLOQUET

et les membres du bureau

 

 

La Faculté de médecine de Nancy conserve un patrimoine artistique qui reflète son histoire vieille de plus de quatre cents années. La façon dont ce patrimoine nous est parvenu n’est pas toujours limpide. Les œuvres issues de l’Université de Pont-à-Mousson (1572-1768) sont venues à Nancy en même temps que le transfert de cette institution. Elles sont actuellement mêlées à celles qui viennent du Collège Royal fondé à l’époque du roi Stanislas (1752-1766). Elles se sont ensuite associées avec les œuvres provenant des différentes écoles de la période révolutionnaire. La dernière source est constituée par des apports de l’école strasbourgeoise lors du transfèrement de la Faculté de cette ville à Nancy (1872) avec les richesses provenant de la Faculté depuis cette date. Il est probable que cette collection a suivi les différentes localisations de l’enseignement médical dans la capitale lorraine : actuel musée des Beaux-Arts sur la place Stanislas, puis actuelle bibliothèque municipale près de la place Dombasle, place Carnot avant de rejoindre la Faculté de médecine de la rue Lionnois, puis de Brabois. C’est au doyen Beau que l’on doit le rassemblement de la collection dans un lieu unique rue Lionnois, à l’exception de quelques pièces qui étaient situées dans la salle du conseil de la Faculté, ce dont commencent à témoigner quelques documents photographiques. Après la montée de la Faculté sur Brabois, le musée était menacé, et il se pourrait que quelques documents qui apparaissent de temps à autre dans des salles de vente aient disparu à cette époque. L’ensemble sera transporté en urgence sur le site de la nouvelle Faculté de Brabois par les doyens Grignon et Roland.

La partie la plus noble, avec notamment 51 portraits à l’huile, a l’avantage d’être en permanence exposée dans les salles de l’administration : couloir décanal, galerie et salle du conseil, salles de thèses ou de réunions. Elle est en grande partie inscrite au patrimoine départemental, et même national pour les œuvres les plus intéressantes. Elle a fait l’objet d’un ouvrage assez récemment (1). Une deuxième partie a connu un sort plus mouvementé.

 

Les réserves du musée

Elles sont constituées d’un ensemble d’objets dont l’intérêt patrimonial est loin d’être négligeable. Outre quelques portraits, elles rassemblent de nombreux documents iconographiques : photographies de manifestations étudiantes, des promotions des générations passées, des professeurs et des enseignants, souvenirs de l’internat nancéien. Ces traditions, à une période où l’image a pris une place importante dans la mémoire du passé, ont tendance à disparaître, et nos collections s’appauvrissent en permanence dans ce domaine. Notre collection nous montre que les habitudes ont varié avec les siècles : les portraits ont été remplacés un moment par les bustes, plus ou moins nobles, les médailles, puis par les photographies volontiers signées par de bons spécialistes avant de faire place aux photographies d’amateurs. Ce sont ces dernières qui ne sont plus communiquées car restant au niveau des mémoires informatiques. Le conservateur ne peut que le regretter, les demandes de documents photographiques lui étant volontiers soumises.

Il est plus facile de maintenir à jour les documents concernant les locaux aussi bien universitaires qu’hospitaliers, bien présents dans nos collections anciennes.

Les réserves comportent également une bibliothèque de quelques livres anciens, associés à des ouvrages de vulgarisation médicale, des thèses, un certain nombre de « Titres & travaux » de professeurs ou d’étudiants de la Faculté, enfin des documents divers, législatifs, administratifs, historiques, biographiques… Là aussi, il est impossible de suivre l’évolution du patrimoine avec les moyens dont nous disposons. D’ailleurs, cette partie documentaire, faute de place, a dû être restreinte ces dernières années. Les pièces les plus anciennes, concernant la période mussipontaine et le Collège Royal de Stanislas (XVIIe et XVIIIe siècles) ont été récemment confiées aux Archives départementales de Meurthe-et-Moselle. Une bibliothèque historique sur la médecine, en particulier en Lorraine, a été préservée.

Il nous faut citer enfin une collection de matériel médical qui, sans être très ancienne, réunit quelques pièces intéressantes. Cette dernière catégorie de nos collections est sans doute la moins bien connue, car la plus délicate à gérer en raison des difficultés à identifier les objets de façon précise, surtout avec la rapidité des évolutions techniques survenant au niveau de ce matériel. Elle fait actuellement l’objet d’un tri avec essai d’identification à l’occasion du déménagement de ces pièces.

L’ensemble de ces collections a fait l’objet d’un recensement informatique qui nous permet de retrouver ce patrimoine et de l’exploiter pour des travaux divers (publications, thèses, expositions), et pour des prêts, la politique du musée étant de prêter ou de permettre la reproduction de ses possessions.

Celles-ci s’enrichissent par quelques acquisitions et surtout par des dons.

 

Histoire récente des collections

Lors de l’installation au niveau de la nouvelle Faculté de Brabois, les collections accueillies par le doyen Jacques Roland, ont bénéficié d’une exposition partielle mais très satisfaisante (avec l’aide financière de l’Association des chefs de services hospitaliers) et actuellement pérenne. Une première localisation des réserves a été concomitante au premier étage du bâtiment AB au sein du laboratoire d’histologie de l’époque (professeur G. Grignon).

Ces réserves, dont le répertoire et le classement avaient été entrepris par l’Association des amis du Musée nouvellement créée (en 1997, par Jacques Vadot, Georges Grignon et Jean Floquet), ont à nouveau déménagé après le décès du conservateur (2007). Ce nouvel épisode, s’accompagnant d’une réduction des surfaces, a imposé un premier tri dont feront les frais, essentiellement, les thèses non historiques dans la mesure où elles sont conservées à la Bibliothèque universitaire de médecine. Si les réserves ont uniquement changé d’étage, hébergées par le laboratoire d’anatomie (professeur Marc Braun), la rapidité du déménagement s’est faite aux dépens du rangement qui a été repris en quasi-totalité. Les vicissitudes seront loin d’être terminées. Deux déménagements successifs intéresseront surtout la bibliothè-que : un premier en 2016 par échange d’une pièce avec l’anatomie pour permettre un projet de salle de conférences qui n’aura d’ailleurs finalement pas lieu. En effet, la décision de rassembler sur Brabois la totalité des facultés de la santé a entraîné un changement d’affectation des locaux. La bibliothèque va revenir à sa place antérieure mais pour une durée de quelques mois seulement (2017). Finalement, la totalité des réserves vient d’être transférée dans des nouveaux locaux, spécialement prévus, au rez-de-chaussée du bâtiment PACES. Ce déménagement vient de s’effectuer (décembre 2018), et les collections vont retrouver une place que nous espérons définitive. Ce sont ces locaux que nous voudrions vous présenter.

 

Les nouveaux locaux

Situés au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment qui se trouve immédiatement à gauche de l’entrée principale du campus, ces locaux comportent une salle d’exposition, un bureau affecté aux Amis du musée et une salle des collections, donc des réserves.

La salle d’exposition est signalée par une inscription bien visible dans le hall d’entrée du bâtiment. Il s’agit d’une pièce assez vaste, rectangulaire, de 86m2. Elle comporte, sur deux de ses murs, de nombreuses fenêtres, certes occultables partiellement, mais qui rendront difficile l’accrochage de portraits, notamment à l’huile, en raison d’une luminosité trop importante. Elle permettra cependant des expositions temporaires, des réunions ou des conférences après une adaptation de l’équipement que devront définir les utilisateurs. En effet, ces locaux ne sont pas affectés uniquement aux médecins, mais ils doivent accueillir l’ensemble des collections du « collegium santé », collections dont l’importance est encore incertaine mais vraisemblablement médicales de façon prédominante. Cette salle est sous surveillance permanente.

Un large couloir donne accès aux deux autres pièces. Le bureau des Amis du musée est étroit (17m2) mais il permet d’héberger la bibliothèque historique, une partie des documents notamment iconographiques et l’équipement informatique, mais sans le bureau du conservateur. Il est opérationnel. L’équipement informatique a été entièrement revu et modernisé, et l’accès internet rétabli. La salle destinée aux collections est borgne. Elle est vaste, avec une forme en U. Pour une surface de 32m2, sa forme donne accès à des mètres linéaires importants. Elle est équipée des structures de rangements provenant des réserves de médecine. Elle devrait suffire pour assurer le rangement des collections tout en préservant encore de la place pour le futur. Il reste encore bien des points à améliorer. Nous pouvons remercier les membres de l’Association des amis du musée qui ont participé activement depuis vingt années à cette évolution, en espérant que des plus jeunes voudront bientôt prendre la relève.

Nous pouvons souhaiter que les collections de nos facultés, certainement parmi les plus riches de notre Université Lorraine, aient enfin trouvé leur localisation définitive.

 

1) Larcan (A.), Floquet (J.), Labrude (P.) et Legras (B.), Le patrimoine artistique et historique hospitalo-universitaire de Nancy, Gérard Louis éditeur, Haroué, 2012, 247 pages.

2) Roos (A.-M.), épouse Eber, Le Collège royal de médecine de Nancy Une fondation du Roi Stanislas (1752-1793), thèse de doctorat en médecine, Nancy, 1971, 272 pages.