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“LES CHEMINS DE LA SOUFFRANCE …”

UNE APPROCHE DU SERVICE DE SANTE ALLEMAND (1914-1918)

 

Jacques VADOT

 

Résumé de la conférence donnée à l’Hôpital Legouest à Metz, le 30 Avril 2002, par le Général Jean-Claude LAPARRA, docteur en histoire de l’Université de Paris 1

 

C’est un parcours de mémoire entre Saint-Mihiel et Metz, consacré au service de santé allemand, permettant d’en découvrir, sujet rarement abordé, l’organisation et le fonctionnement, à travers des documents historiques et les vestiges actuels des installations, en une présentation articulée en trois parties.

La première montrait les principales étapes du traitement des blessés et des malades, en un exposé à la fois historique et technique, illustré par des clichés caractéristiques, la plupart réalisés à l’époque dans le quadrilatère Saint-Mihiel - Labry (au nord de Conflans-Jarny) Metz - Pont-à-Mousson, principalement dans la Woëvre et sur les Hauts de Meuse.

Coeur du sujet, le parcours de mémoire entre Saint-Mihiel et Metz, est la relation de ce qui s’était passé sur une quinzaine de sites (Saint-Mihiel, la forêt de Gobessart, Apremont, Woinville, ...) où étaient implantées entre 1914 et 1918 des installations (postes de secours, infirmeries, hôpitaux) et des formations sanitaires (compagnies sanitaires, unités de transport), tandis que quelques soins indispensables étaient donnés à la population française par les médecins militaires allemands.

En un troisième volet, étaient évoqués quelques points plus techniques qu’historiques tels que la conception allemande des évacuations, la répartition des médecins aux différents niveaux des formations et des états-majors, les problèmes posés par les transports sanitaires automobiles et les évacuations par voie ferrée, la recherche constante de la satisfaction des besoins, des cas d’amputations hâtives dans les hôpitaux allemands et la lutte contre les maladies contagieuses.

Parmi les nombreuses sources d’informations consultées, on retrouve l’historique du service de santé allemand ou de certaines unités, et des études de la Croix-Rouge allemande. En français, un commentaire du règlement allemand de 1907, des articles parus dans “Médecine et Armées”. En anglais, enfin, des études sur le service de santé, rédigées pendant le conflit.

Ce sont aussi des évocations littéraires. Trois écrivains ont participé à des combats qui se sont déroulés entre Saint-Mihiel et Metz - tous trois précisément dans le secteur de la Tranchée de Calonne. Alain Fournier, d’abord, qui perdit la vie à la suite de l’attaque d’une compagnie sanitaire allemande, en septembre 1914. Maurice Genevoix, blessé en avril 1915, raconta cet épisode dans “Ceux de 14” tandis que Ernst Jünger, également blessé en avril 1915, fit une relation de cette épreuve dans “Orages d’acier”.

De son côté, Herta Strauch, alias Adrienne Thomas, exposa son expérience d’auxiliaire de la Croix-Rouge à Metz, en un roman auto-biographique, “Catherine Soldat”, racontant ses passages à la Gare de Metz, puis à l’hôpital de forteresse de Plantières-Queuleu, futur H.I.A. Legouest.

Enfin, Erich Maria Remarque évoqua dans un ouvrage intitulé “A l’ouest rien de nouveau”, le problème des amputations.

Ainsi, pendant plus de quatre ans, le service de santé allemand fonctionna-t-il en Lorraine, au bénéfice de ses soldats, tandis que des soins limités étaient prodigués aux populations françaises, en ce territoire occupé par l’envahisseur.